Remise en cause de la norme à Bruxelles ? Imprimer

(25/05/12) La presse rapporte aujourd'hui une remise en cause de la norme (pourtant encore bien loin des 0,6 V/m souhaités) à Bruxelles sur la base de deux rapports dits "indépendants". Et si on était sérieux 5 minutes ?

 

Il ne faut pas faire de dessin. Les opérateurs qui doivent revoir leurs infrastructures sur base d'une norme pourtant jugée très moyenne par les associations, font pression.

Catégoriser, comme le fait la presse, l'ISSep de laboratoire indépendant alors qu'il s'agit d'un service public qui depuis des années, en la personne du responsable de la cellule Champs Electromagnétiques M. Willy Pirard, s'en est toujours tenu à minimiser (doux euphémisme) l'existence de problèmes sanitaires liés aux antennes de téléphonie mobile, fait sourire (Cf. ce PDF).

Rappelons ici que selon le bureau d'experts indépendants britannique Powerwatch (qui tient à jour la base de données la plus exhaustive sur la question)  l'écrasante majorité (4:1) des études relatives aux effets sanitaires des antennes relais penchent du côté de la mise en évidence de problèmes de santé. [1]

  • 31 études positives [P] (= effets sur la santé) = 42%
  • 8 études négatives [N] (=pas d'effet sur la santé) = 11%
  • 34 études n'étant ni positives ni négatives [-] (comprend également de simples études méthodologiques)

Et ce décompte ne prend même pas en compte l'évident problème des conflits d'intérêts implacablement et spécifiquement mis en évidence par cette étude suisse de 2006 pour le secteur de la téléphonie mobile. [2]

Sans compter que  le "système" freine des quatre fers pour étudier le problème sérieusement.

Qu'il suffise de rappeler cette excellente étude d'Adang & col. (UCL, 2008) [3] sur des rats exposés 2 petites heures par jour leur vie durant à des champs électromagnétiques considérés comme inoffensifs par l'OMS et qui ont présenté (a) une réponse immunitaire spécifique (b) des troubles de la mémoire à long terme (c) une mortalité doublée (!) , un chiffre à peine croyable qu'il est difficile de remettre en question autrement qu'en répliquant l'expérience.

L'étude faisait apparaître une mortalité plus forte pour des ondes pulsées (mortalité x 2) que non pulsées (mortalité x 1,5). Et les chiffres de très hautes fréquences (9700 Mhz) non pulsés étaient analogues à ceux de hautes fréquences (970 Mhz) pulsés (cf. 59% et 61% ci-dessous) :

  • Contrôle : 31% de mortalité naturelle après 21 mois
  • 970 Mhz CW (non pulsées) : 48% de mortalité après 21 mois d'exposition
  • 970 Mhz PW (pulsées) : 59 % de mortalité après 21 mois d'exposition
  • 9,7 Ghz CW (non pulsées) : 61 % de mortalité après 21 mois d'exposition

Quatre ans plus tard, cette étude encombrante s'il en est, à l'encontre de toute saine logique scientifique, n'a toujours pas été répliquée.

Est-ce que le secteur a quelque chose à cacher ?  Où sont les responsables politiques prêts à financer ou susciter une telle réplication ? Combien de victimes attend-on ?

Rappelons enfin cette enquête de l'Association Santé Environnement France, qui réunit plus de 2500 médecins, sur l'impact des antennes relais sur la santé des riverains qui concluait par ce constat accablant : 2 fois plus de troubles de sommeil, 3 fois plus d'acouphènes, 7 fois plus de troubles de la concentration.


Mise au point

Renseignement pris, il semble que la remise en cause soit plus cosmétique qu'autre chose.

Les opérateurs essaient en réalité de profiter d'une lacune dans la terminologie utilisée dans le texte de l'ordonnance (qui sous le vocable "ondes non pulsées" exclut les antennes radio et télé analogiques, une demande qui avait été faite spécifiquement par le CdH) pour essayer d'en faire sortir la 3G (et la future 4G). Oh, les vils !

A l'heure actuelle, c'est donc une tempête dans un verre d'eau.

Rappelons cependant que loin de tout assouplissement de la norme, c'est vers un durcissement qu'il faut s'orienter, à savoir l'objectif des 0,6 V/m voté par la Conseil de l'Europe.

 

Références

[1] http://www.powerwatch.org.uk/science/studies.asp#masts

[2] Huss A. et al., Source of Funding and Results of Studies of Health Effects of Mobile Phone Use: Systematic Review of Experimental Studies, Environ Health Perspect 115(1), Jan 2007 www.ehponline.org/members/2006/9149/9149.pdf

[3] Adang D et al., Results of a Long-Term Low-Level Microwaver Exposure of Rats, IEEE TRANSACTIONS ON MICROWAVE THEORY AND TECHNIQUES, VOL. 57, NO. 10, Oct 2009, http://ieeexplore.ieee.org/xpl/freeabs_all.jsp?arnumber=5232818