Un champ électromagnétique 50 Hz altère le sommeil.

par Torbjörn Akerstedt (1), Bengt Arnetz (1), Gianluca Ficca (2), Lars-Erik Paulsson (3) et Anders Kallner (4).

Institut National des Facteurs Psychologiques et de la Santé et Département des Sciences de Santé Publique, Institut Karolinska, Stockholm, Suède

Departement de Psychologie, Université de Florence, Italie

Institut Suédois de Protection contre les Radiations, Stockholm, Suède

Département de Chimie, Institut Karolinska, Stockholm, Suède.

Ex : Journal of Sleep Research, 8, pp. 77-81, 1999.

Résumé :

Des études ont révélé que l'exposition aux champs électromagnétiques en extrêmement basses fréquences (50 Hz / 60 Hz) a été associée à des problèmes de santé (Knave, 1994) et particulièrement à des problèmes dermatologiques (Feldman et al., 1985; Berg, 1988; Bergqvist et Wahlberg, 1994), à des dépressions et à de la fatigue (Knave et al., 1985; Dowson et al., 1988; Poole et al., 1993; McMahan et Meyer, 1994). Le spectre des basses fréquences de l'électroencéphalogramme est supprimé (Lyskov et al.,1993). La sécrétion d'une hormone de la glande pinéale, la mélatonine est réduite chez certains animaux (Reiter et al., 1988) et probablement chez les humains (Arnetz et Berg, 1996; Graham et al., 1996).

Les études réalisées se sont principalement focalisées sur l'exposition durant les heures de l'état d'éveil (au cours du travail), mais il est également possible que l'exposition durant les périodes de sommeil présente un intérêt. Une des raisons est que le sommeil occupe un tiers d'une journée de 24 heures et que l'immobilité du sujet durant cette période implique parfois une exposition constante à une intensité particulière de champ électromagnétique, alors que l'exposition durant la période d'activité peut être difficilement évaluable, car elle dépend des déplacements de l'individu par rapport aux sources de champs (Feychting et Ahlbom, 1993; Nissen et Paulsson, 1995).

Aucune donnée concernant l'impact éventuel des champs électromagnétiques sur le sommeil physiologique n'est aujourd'hui disponible. Cependant certains problèmes comme la fatigue, par exemple pourraient être mis en relation avec un sommeil perturbé. De plus, la suppression de la sécrétion de mélatonine induite par les champs électromagnétiques pourrait être mise en relation avec un sommeil perturbé, étant donné que la mélatonine est considérée comme un agent favorisant le sommeil.

En vue d'observer les problèmes de santé induits par des expositions aux champs à basses fréquences (50 Hz/ 60 Hz), les auteurs ont mené une étude sur 18 sujets en bonne santé soumis à un champ magnétique 50 Hz de 1 microtesla (= 10 mG), en comparant le sommeil sous exposition à ce champ magnétique avec le sommeil sans exposition. Ils ont trouvé que l'exposition aux champs magnétiques était associée avec une réduction du temps total de sommeil, avec une réduction de l'efficacité du sommeil, avec une réduction du temps de sommeil au stade 3 + 4 à ondes lentes, une réduction de l'activité à ondes lentes. La mélatonine circulante, la concentration en hormone de croissance, la concentration de prolactine, de testostérone, et de cortisol n'ont pas été affectées.

Les résultats suggèrent que les champs magnétiques à extrêmement basses fréquences communément associés aux installations électriques peuvent avoir une action néfaste sur le sommeil.

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Note du traducteur : Un champ magnétique de 1 microtesla (10 mG) est facilement atteint à 50 mètres de l'axe d'une ligne à haute tension ou à proximité d'un transformateur.