Le téléphone portable (GSM, DECT) augmente l'incidence des cancers Imprimer

(27/05/11)  Nous croyons qu'une action urgente est nécessaire pour protéger nos enfants et nos jeunes d'une épidémie de tumeurs de cerveau et d'autres tumeurs au cours des 10 à 30 prochaines années. La majorité des gliomes malins (le type le plus commun ayant été associé à l'utilisation des téléphones portables) est fatale dans les 3 à 5 ans suivant le diagnostic, même avec traitement.

Un article de Powerwatch UK . Traduction Teslabel.

 

Si une hausse importante du nombre de cas devait survenir, il n'y aurait en aucun cas suffisamment de neurochirurgiens ou d'argent public pour les traiter.

De notre point de vue il est maintenant moralement irresponsable de permettre aux enfants et aux jeunes de moins de 16 ans d'utiliser régulièrement un GSM (ou un téléphone sans fil domestique DECT) maintenu contre la tête ou porté sur soi. Le Ministère de la Santé britannique avait d'ailleurs déjà soutenu en 2000 que « des enfants et des jeunes de moins de 16 ans ne devraient être encouragés à utiliser des téléphones portables que pour des appels essentiels et brefs. »

 

Pourtant des parents et des grands-parents non seulement achètent des appareils "pay & go" mais surtout signent des contrats d'abonnement de téléphone portable à long terme pour leurs enfants et leurs petits-enfants.

Preuves flagrantes

Des preuves encore plus flagrantes sont apparues cette semaine avec l'annonce de nouveaux résultats complémentaires de la grande étude Interphone multi-pays, dont il avait déjà fallu attendre si longtemps pour obtenir des conclusions, et dont la collecte des données s'était achevée déjà en 2004, il y a maintenant sept ans.

Nous apprenons maintenant qu'une étude à paraitre basée sur les données d'Interphone pour les tumeurs localisées à proximité de l'endroit de la tête où l'on tient son téléphone (c'est-à-dire principalement les gliomes dans les lobes temporaux et frontaux) annoncera un risque significativement accru après seulement 7 ans d'utilisation d'un téléphone portable et que ce risque augmente avec le temps. Il n'est pas limité aux utilisateurs les plus fréquents - certains utilisateurs occasionnels semblent particulièrement sensibles.

Nous comprenons aussi que de nombreux pays européens, y compris le Royaume-Uni, ayant participé à l'étude d'interphone, ont refusé l'usage de leurs données pour l'analyse de cette région du cerveau. Cela apparaît comme un comportement extraordinaire pour des scientifiques de santé publique. Que se passe-il ? Qui tire les ficelles?

Aucune hausse globale des tumeurs cérébrales malignes n'apparaît encore dans la plupart de statistiques nationales de cancer, quoique de Vocht ait récemment annoncé ce que nous interprétons comme une récente hausse inquiétante dans les données du registre national du cancer pour l'Angleterre (Office for National Statistics, ONS) [6].

Le changement dans l'incidence des tumeurs des lobes temporaux et frontaux (à proximité du lieu où la majeure partie des radiations pénètre dans la tête de l'utilisateur) est montré dans le graphique ci-dessous produit par Powerwatch et qui émane des données publiées par l'ONS. On peut aussi voir que la légère chute en 2003-2004 se retrouve également dans les données ONS pour les divers cancers non-cérébraux et il est probable qu'il s'agisse d'un artefact d'enregistrement du registre du cancer. Peut-être ce graphique explique-t-il le refus des chercheurs britanniques d'Interphone de permettre que leurs données soient utilisées dans la nouvelle analyse de la région cérébrale d'Interphone.

Un autre article à paraître sur Interphone confirme une augmentation des neurinomes acoustiques, un cancer moins dangereux du nerf acoustique, du côté de la tête où le portable est utilisé le plus fréquemment.

Microwave News maintient une veille technologique sur ces événements : lire les brèves et les dernières nouvelles ici "Latest Microwave News".

Trois méta-analyses d'études de contrôle de cas ont conclu que l'utilisation d'un téléphone portable pendant plus de 10 ans a été associée à une augmentation du risque global de développer une tumeur cérébrale. [1,2,3] Toutes trois ont trouvé plus de tumeurs cérébrales statistiquement significatives chez les gens qui avaient utilisé un téléphone portable pendant plus de dix ans et une étude a annoncé un doublement des gliomes "ipsilatéraux", c'est-à-dire du même côté que celui où le téléphone portable a été utilisé (118 cas, ratio=1,9; intervalle de confiance à 95% de 1,4 à 2,4).

Bien que l'étude Interphone ait initialement annoncé une réduction complète du risque associé à l'utilisation de téléphone portable, l'analyse plus raffinée par les auteurs a ensuite montré un doublement de l'incidence des gliomes pour les utilisateurs de téléphone portable de plus de dix ans (190 cas), gliomes ratio=2,18, intervalle de confiance à 95 % de 1,43 à 3,31) avec un résultat analogue pour les heures d'appel cumulées. [4,5]

Plus tôt dans l'année Rakefet Czerninski et collègues ont publié un article sur les cancers de la glande parotide en Israël au cours de la période 1970 à 2006 [7]. Alors que d'autres tumeurs des glandes salivaires sont restées stables à des niveaux bas, l'incidence des tumeurs de la glande parotide (du côté de la tête où est tenu le téléphone portable) a quadruplé. Ceci est montré dans le graphique ci-dessous. Bien qu'il puisse exister une autre explication, personne ne semble en offrir de raisonnable. Si c'était en raison d'un meilleur diagnostic, les autres tumeurs des glandes salivaires seraient aussi en augmentation.

Il existe de nombreux rapports scientifiques, publiés dans des revues à comité de lecture, montrant la preuve d'effets biologiques pouvant probablement mener à des effets indésirables sur la santé et le bien-être.

Powerwatch a compilé sous forme de tableau XLS une sélection de 150 études (également disponible sous forme HTML), avec les auteurs principaux, le titre, le journal et des liens hypertexte PubMed pour que vous puissiez facilement aller voir les détails. Ces études concernent tous l'exposition aux signaux de téléphone portable pour des taux d'absorption spécifiques (SAR) en dessous de 2 W/kg le niveau maximum autorisé pour un téléphone portable en Europe. Pourtant en 2009 le groupe de travail SCENIHR de l'UE concluait encore et toujours qu'il n'y avait aucun besoin de quelque action de précaution que ce soit, comme des recommandations spécifiques pour l'utilisation de téléphones portables par les enfants, quoiqu'ils aient appelé à plus de recherche.

L'Agence Internationale pour la Recherche sur le Cancer (IARC) de l'OMS se réunit à Lyon cette semaine (les 24-31 mai 2011) pour décider, le cas échéant, la classification à donner à l'exposition à des microondes de radiofréquences. Mardi le directeur de l'IARC, le docteur Christopher Wild, a fait un excellent discours de bienvenue aux membres. Espérons que les débats et le résultat soient en accord avec ces idéaux exposés.

Révélations récentes

La semaine dernière, il a été montré que deux personnes étroitement liées au débat sur les champs électromagnétiques et la santé avaient des liens avec l'industrie qu'ils n'avaient pas déclarés comme possibles "conflits d'intérêt" comme ils sont tenus de le faire. Le Dr René de Seze d'INERIS, l'Institut national français pour l'Environnement et le Risque Industriel, a été représenté dans un long documentaire de la télévision française la semaine dernière (FR3) où il a été "moins qu'honnête" dans ses déclarations et sur les problèmes de sécurité des téléphones portables en particulier. Il a été le conseil-clé du comité SCENIHR de l'UE.

Beaucoup plus inquiétantes encore sont les révélations au sujet du professeur Anders Ahlbom. Il a été l'un des principaux universitaires sur les CEM (ELF et RF) et la santé en Europe au cours des 20 dernières années. Il a fait partie de presque tous les comités-clés sur ces questions et a présidé beaucoup d'entre eux. En dehors de Mike Repacholi (l'ancien responsable du projet CEM à l'OMS) personne d'autre que lui n'a été aussi influent. Il s'avère que son frère a travaillé pour l'industrie des télécommunications mobiles à un niveau très élevé au cours de ces 20 dernières années. Anders et lui ont fondé un nouveau groupe de pression basé à Bruxelles il y a deux ans.

Déjà en 1990 Anders Ahlbom soutenait l'association entre les CEM 50 Hz et la leucémie infantile -- il est en effet l'auteur principal de l'une des méta-analyses clés. Pourtant au cours des dernières années, il est devenu franchement dédaigneux vis-à-vis de tout lien éventuel  entre champs électromagnétiques et effets de santé défavorables. L'année dernière il a déclaré que « les téléphones portables sont sûrs ».

Après ces révélations, il a été empêché de participer à la réunion de l'IARC de cette semaine et de présider le comité d'épidémiologie. En réponse il a essayé de porter des accusations contre le professeur Lennart Hardell, un neurochirurgien de pointe en Suède qui a publié de nombreuses études montrant la hausse de cancers cérébraux en fonction de l'utilisation du GSM et du téléphone sans fil domestique. Ahlbom a longtemps essayé d'empêcher Lennart de publier ce type d'épidémiologie. Les accusations d'Ahlbom n'ont pas résisté au test et Hardell reste membre du jury de l'IARC.
Vous trouverez plus de détails au sujet de ces révélations ici : "Microwave News - Ahlbom and IARC news"

References

  1. Myung SK, Ju W, McDonnell DD, et al. Mobile phone use and risk of tumors: a meta-analysis. J Clin Oncol. 2009 Nov 20; 27(33):5565-72. [see on PubMed]
  2. Khurana VG, Teo C, Kundi M, Hardell L, Carlberg M. Cell phones and brain tumors: a review including the long-term epidemiologic data. Surg Neurol. 2009 Sep;72(3):205-14; discussion 214-5. Epub Mar 2009. [see on PubMed]
  3. Kan P, Simonsen SE, Lyon JL, Kestle JR. Cellular phone use and brain tumor: a meta-analysis. J Neurooncol. 2008 Jan;86(1):71-8. Epub 2007 Jul 10. [see on PubMed]
  4. Interphone group. Brain tumour risk in relation to mobile telephone use: results of the INTERPHONE international case-control study. Int J Epidemiol. 2010 Jun;39(3):675-94. Epub 2010 May 17 [see on PubMed]
  5. Interphone Sudy Group. Appendix 2 of Brain tumour risk in relation to mobile telephone use: results of the INTERPHONE international case-control study. Int J Epidemiol. 2010 Jun;39(3):675-94. Epub May 2010. [see in Journal]
  6. de Vocht F, Burstyn I, Cherrie JW. Time trends (1998-2007) in brain cancer incidence rates in relation to mobile phone use in England. Bioelectromagnetics. 2011 Jan 28. doi: 10.1002/bem.20648. [see on PubMed]
  7. Czerninski R, Zini A, Sgan-Cohen HD, Risk of Parotid Malignant Tumors in Israel (1970-2006). Epidemiology: January 2011, Vol.22-1, 130-131. [see in Journal]

Mise à jour 10/06/11

Preuves supplémentaires

Cette nouvelle étude affirme être la première à utiliser des évaluations de l'énergie des radio-fréquence absorbée au centre des tumeurs cérébrales comme mesure de la dose des radio-fréquences. Un risque accru de gliome de 20 % a été observé chez les utilisateurs avec l'exposition la plus élevée de même que chez les gens ayant les plus longues durées d'utilisation de leur portable.

Lire l'étude ici (en anglais)