Compteurs communicants : l'AREHS au Parlement Wallon Imprimer
Écrit par Eric   
Mercredi, 20 Juin 2018 22:11

(20/6/18) Ci-dessous l'exposé de Mme Devillers, représentant l'Association pour la reconnaissance de l'électro-hypersensibilité (AREHS), à la Commission Wallonne de l'énergie, du budget et du climat le 1er mars 2018. En pièces jointes, le compte-rendu intégral de toutes les auditions (gestionnaires de distribution,CWAPE, experts indépendants...) ainsi que le support de présentation distribué aux députés par la représentante de l'AREHS.

 

Bonjour, je remercie la Commission de l'énergie du Parlement de Wallonie de nous avoir invités, de nous recevoir et de nous écouter. Mon propos est la santé. L'objectif de notre association AREHS est la reconnaissance légale de l'électro-hypersensibilité. Je vais aller assez vite dans ma présentation, c'est pour cela que je vous ai distribué une copie de mon PowerPoint.

En 2016, c'est-à-dire il y a exactement deux ans, nous avons ouvert un site Internet et les gens trouvent notre chemin. Nous sommes actuellement 181 personnes, dont 90 % sont électrohypersensibles, alors que certaines de ces personnes ont des symptômes divers qui ne sont pas trop invalidants comme des maux de tête, des troubles du sommeil, des acouphènes, d’autres ont aussi des tachycardies, des nausées et des vertiges, donc des problèmes nettement plus invalidants. Magda Havas, une chercheuse canadienne, a étudié la sévérité de tous ces symptômes. Parmi les personnes membres de notre association, se posent souvent les problèmes suivants :

– beaucoup de ces personnes électrohypersensibles doivent arrêter de travailler, elles ne peuvent pas le faire en tant que personnes lectrohypersensibles puisque ce n'est pas reconnu. Elles sont malades chroniques, en maladie de longue durée pour dépression ou pour autre chose ;

de nombreuses ruptures de liens familiaux et sociaux parce qu'elles ne sont pas comprises, des divorces et des choses comme cela ;

des déménagements pour rechercher une zone plus blanche ou moins envahie par les ondes du mobile. Certaines personnes doivent même quitter la Belgique, car notre pays est très densément peuplé et les objets connectés y sont très nombreux.

L'électro-hypersensibilité est très invalidante dans notre mode de vie actuel, aussi bien du point de vue professionnel, social que personnel. On estime actuellement qu'il y a entre 3 % et 10 % de la population qui serait atteinte. Ce nombre de personnes électrohypersensibles est en augmentation permanente et importante, à tel point que, pour l'instant, au Sénat, au niveau fédéral, une proposition de résolution relative à la reconnaissance de l'électro-hypersensibilité est à l’agenda.

L'électro-hypersensibilité a été étudiée par de nombreux scientifiques. Un film documentaire a également été réalisé par Marc Khanne. J'ai apporté de la documentation que vous pourrez consulter. La situation actuelle, du point de vue environnement électromagnétique, montre sans surprise la multiplication des objets connectés, la superposition de toutes les technologies : 2G, 3G, 4G, wifi, et cetera. On aura bientôt les compteurs communicants, la 5G, les voitures autonomes, et cetera. Toutes ces technologies ne s'annulent pas, ne se remplacent pas, elles s'accumulent.

L'exposition de la population est prolongée et croissante sans que cette population n'ait éventuellement donné son consentement éclairé. On assiste surtout à une utilisation croissante des objets connectés par les enfants, à une méconnaissance du problème par la population, mais également par les professionnels de santé. Les électrohypersensibles ne trouvent en effet pas de médecins pour les aider.

Nous avons des normes que nous estimons tout à fait inadéquates, un risque pour la santé. Quelle est la base des normes haute fréquence actuelles ? C'est l'ICNIRP qui a défini cette norme en utilisant un mannequin qui représentait une personne adulte en bonne santé. Ce mannequin a été exposé pendant 30 minutes, c'est-à-dire assez peu par rapport aux expositions auxquelles nous sommes soumis actuellement, et seul l'effet thermique a été considéré. Ils ont trouvé que la puissance qui permettait d'échauffer les tissus de 1 degré était de 4 watts par kilo. Ils ont pris un facteur de sécurité de 50 et nous arrivons aux 41 volts par mètre qui sont les valeurs retenues par l'OMS. C'est d'ailleurs la valeur qui a été retenue également en France.

Ces normes sont-elles suffisantes ? On a parlé de 30 minutes d'exposition. Or, nous sommes exposés 24 heures sur 24. On a parlé de personnes adultes en bonne santé. Qu'en est-il des enfants, des foetus, des personnes plus vulnérables et des malades ? Qu'en est-il de la multiplicité des appareils qui pénètrent partout, aussi bien à la maison, à l'école, dans les transports en commun et dans des lieux publics ? Les personnes qui ont dû quitter leur travail à cause du wifi bientôt ne pourront plus prendre les transports en commun parce que l'on y installe le wifi partout.

Qu'en est-il des spécificités des ondes émises par nos technologies ? On a notamment les ondes pulsées qui font résonner les dipôles de nos cellules. Nous sommes des êtres vivants, nous ne sommes pas des mannequins et nous avons des cellules composées d'une très grande proportion d'eau, le H2O. Vous avez des dipôles électriques qui entrent en résonance avec ces ondes pulsées des technologies du mobile. L'électricité sale aussi, lorsque l'on insère des hautes fréquences sur le réseau électrique 50 hertz de nos maisons. Il y a des effets biologiques autres que thermiques qui n'ont pas été pris en compte.

Vous avez ici un graphique qui vous montre où se trouve la norme de 41 volts par mètre, c’est ici la ligne rouge du dessus. Vous avez la ligne rouge du dessous qui correspond à la norme bruxelloise de 6 volts par mètre. En dessous, vous avez deux lignes qui vous donnent ce que les scientifiques demandent de respecter comme norme d'irradiation de la population. Les petits carrés que vous voyez là, entre les deux, ce sont les études qui montrent des effets nocifs pour la santé. La majorité de ces effets nocifs pour la santé ne sont pas du tout pris en compte si l'on utilise la norme de 41 volts par mètre, la norme définie par l'OMS, ou la norme de Bruxelles. Pour la Wallonie et pour la Flandre, c'est très comparable. Je vous fais remarquer que l'échelle ici est une échelle logarithmique. Il ne faut pas croire qu'il suffit de diviser par deux ou trois pour avoir une situation satisfaisante.

Sur le terrain, que constate-t-on ? On constate des problèmes croissants d'infertilité, notamment masculine, des allergies de plus en plus nombreuses, des troubles du comportement, de l'autisme chez les enfants, des dépressions, des burn-out, des cancers, Alzheimer qui sont en augmentation importante et il y a de plus en plus de personnes électrohypersensibles.

Toutes ces constatations correspondent aux risques qui ont été annoncés par de nombreux scientifiques. Des médecins et des scientifiques signent des appels nombreux, au moins 3 000 ont signé ce genre d'appel, pour demander la diminution des normes et la diminution de l'exposition des personnes, pour les enfants, à l'école ou en général. Vous avez encore, l'année passée, en 2017, trois appels qui ont été signés l’un par 180 scientifiques, l'autre par 190, et cetera, pour demander que l'on veille à ne pas introduire trop de technologie sans fil dans les écoles pour la protection des enfants qui sont beaucoup plus sensibles que les adultes ; en effet, ils ne sont pas encore arrivés à maturité, ils sont plus petits et leurs tissus sont plus mous. L'appel scientifique du 13 septembre 2017 demande un moratoire sur la 5G. La déclaration de Nicosie du 11 novembre 2017 demande une révision des normes et une formation du corps médical qui n'est absolument pas au courant dans sa généralité. Une résolution du Conseil de l'Europe, la résolution 1815, demande de réduire l'exposition, revoir les normes, mettre en place des campagnes d'information et porter une attention particulière aux personnes électrohypersensibles.

En ce qui concerne les études scientifiques, vous avez le rapport BioInitiative qui fait cette pile-là – deux gros classeurs pour le rapport imprimé en recto verso –, qui examine 3 000 études scientifiques qui montrent des effets biologiques qui apparaissent à des faibles niveaux d'exposition, bien en dessous des normes actuelles. Ici, je vous ai mis les recommandations de ce rapport bio-initiative. Ce n'est quand même pas un rapport d'une personne qui va dire cela alors que l'ensemble des autres scientifiques dirait autrement. Il y a 29 scientifiques qui ont travaillé sur ce rapport et qui examinent des études qui sont faites encore par d'autres scientifiques.

Vous avez de nombreuses études qui montrent la responsabilité des ondes de la téléphonie mobile par rapport aux cancers, par rapport à l'ouverture de la barrière hématoencéphalique. La barrière hématoencéphalique empêche les virus et les métaux lourds de venir dans le cerveau. Si cette barrière est ouverte, vous avez des dégénérescences, comme l'Alzheimer par exemple. D’autres problèmes apparaissent, la chute de fertilité, l'impact sur le développement embryonnaire, la vulnérabilité des enfants et aussi les effets sur la faune et la flore. En fait, c'est le monde vivant dans son entièreté qui est impacté par ces ondes. Ici, je vous ai mis les coordonnées de la brochure d'Ulrich Warnke, qui est un spécialiste mondial du comportement des abeilles. Le titre est : Des abeilles, des oiseaux et des hommes, son sous-titre est La destruction de la nature par l'électrosmog. Je vous en ai préparé là.

Qu’en est-il des études scientifiques ? On dit qu'il y a des études scientifiques qui disent que c'est nocif et il y en a d'autres qui disent que ce n'est pas nocif. Le docteur Henry Lai de l'Université de Washington a rassemblé toutes ces études et a fait des statistiques. Vous avez à gauche les études faites par un milieu indépendant non industriel. Vous voyez là que 70 % de ces études montrent des effets qui sont nocifs pour la santé. Les études industrielles montrent évidemment un nombre moindre de ces études qui ont un effet nocif, mais quand même 32 %. Même si l’on ne prend que les études faites par l'industrie, 32 % de leurs études montrent qu'il y a un problème pour la santé. Pour moi, c'est quand même une étude sur trois, c'est énorme.

Cette situation pose la question des conflits d'intérêts. On revient à la problématique du tabac, de l'amiante, des CFC. Je vous recommande d'ailleurs la lecture du livre de Martin Blank, docteur en physique et chimie de l'université de Columbia, qui a étudié les ondes pendant au moins 30 ans et qui explique tout cela en long et en large et vous donne au moins 400 références à la fin de son livre Ces ondes qui nous entourent, ce que la science dit sur les dangers des rayonnements électromagnétiques. Le DVD Thank you for calling montre le combat actuel de scientifiques en Amérique contre l'industrie de la téléphonie mobile, par voie judiciaire.

Quel est le point de vue des assureurs ? Les assureurs depuis le début des années 2000 ont compris, ils n'assurent plus les dommages de toute nature causés par les champs et les ondes électromagnétiques. Pourquoi ? Ils pourraient se faire de l'argent s'il n'y avait pas de problème.

Des droits ne sont plus respectés. Le droit des citoyens à un environnement sain et à la protection de la santé ne sont plus respectés. Beaucoup de personnes électrohypersensibles ne parviennent plus à circuler. Elles ne parviennent plus à aller travailler. Elles doivent se chercher une petite zone blanche quelque part pour essayer de survivre, avec la peur au ventre qu'une antenne vienne se mettre pas trop loin de leur domicile.

Pour les compteurs intelligents, puisque c'est pour cela que vous m'avez invitée, il y a trois technologies :

le sans-fil, le GPRS, qui ressemble pour nous un peu à un gros smartphone, au point de vue des communications par ondes ;
– le courant porteur en ligne, le CPL, par le réseau électrique ;
l'utilisation du câble.

J'ai mis en vert l'utilisation du câble, parce que pour nous c'est la solution qui est la moins nocive par rapport à la santé, que ce soit le câble de distribution de la télévision, la fibre optique, et cetera. L'association flamande Beperk de Straling a édité une petite brochure pour expliquer comment faire pour réduire les nuisances électromagnétiques des compteurs intelligents, notamment si vous avez un building à appartements où vous avez 20 appartements différents, pourquoi installer 20 smart meters ? Il devrait y avoir moyen de ne pas faire une communication au départ de chacun, mais de regrouper un peu et de faire des communications globales. Le PDF du document est là, je ne vais pas vous le lire en détail.

Vous savez qu'ORES a fait le choix du CPL. Le CPL consiste à introduire dans les circuits électriques domestiques de la haute fréquence. Ces câbles électriques ne sont pas prévus pour cette utilisation et ils ne sont généralement pas blindés. Les fréquences utilisées sont comprises entre 3 kilohertz et 95 kilohertz, un concentrateur – je n'ai pas besoin de vous expliquer tout cela, vous le savez mieux que moi – rassemble les signaux de tous les compteurs dans une grappe et envoie l'information soit par GPRS, soit par câble. Nous aimerions bien que ce soit par câble plutôt que par GPRS.

Je vous rappelle quand même que le docteur Feynman qui est prix Nobel de physique – on peut quand même écouter les prix Nobel – mentionne que la radiation devient intolérable pour les humains, pour le vivant en fait, aux fréquences plus hautes que quelques kilohertz. Or, nous sommes ici entre 3 et 95 khz.Évidemment, on s'empresse d'oublier ses travaux parce que cela dérange.

L'exposition au CPL : à l'Université de Bretagne, Amilcar Mescco a conduit des études et a conclu qu'il y avait propagation des signaux de communication des fréquences supérieures à un kilohertz. Le réseau, ici, cela représente une chambre à coucher, le réseau n'est pas conçu pour pouvoir supporter ces hautes fréquences. Il y a de la dispersion de ce rayonnement. Vous êtes dans votre lit en train de subir ce rayonnement. Les fils de cuivre utilisés pour la transmission du signal utile réagissent comme une antenne et une partie de la puissance transmise est rayonnée.

L'exposition au CPL : une étude du Centre scientifique et technique du bâtiment en France, à la demande de l'ANSES, a globalement conclu de ses mesures que les niveaux maximum de champ magnétique généré par les trames de communications Linky sont entre 10 et 250 fois plus élevés que les niveaux de bruit ambiant. Le comité d'experts a alors recommandé l'installation de filtres pour les personnes qui le souhaiteraient et notamment pour les personnes électrohypersensibles. Si l'on propose de mettre des filtres, c'est bien qu'il y a un problème pour la santé. Un filtre a été développé par Next Up en France. Des filtres sont installés gratuitement chez les personnes électrohypersensibles en Suède, mais ces compteurs intelligents ont des problèmes, même s'ils ne sont pas utilisés pour la communication CPL. Il n'y a manifestement que le compteur électromécanique qui ne pose aucun problème pour la santé. En Norvège, en effet, 2 500 personnes électrosensibles ont pu garder un compteur électromécanique.

Vous savez qu'il y a d'autres problèmes que la santé : peu ou pas d'économie d'énergie, l'atteinte au respect de la vie privée, les risques de fraudes, de vols, de cyberpiratage ou encore les surfacturations. J'ai entendu tout à l'heure que l'on critiquait fort l'expérience faite par l'Université de Twente aux Pays-Bas, qui avait découvert des différences allant jusqu'à plus 600 % de mesure de consommation entre un compteur électromécanique et un compteur intelligent. Outre que j'aimerais bien ne pas avoir une facture qui soit liée à un compteur intelligent qui mesure ainsi plus 600 %, des milliers de plaintes ont été introduites par les personnes aux Pays-Bas. S'il n'y avait pas une différence de comptage, pourquoi toutes ces plaintes seraient-elles introduites ?

Il y a également des risques d'incendie liés à ces compteurs intelligents : plusieurs incendies se sont produits à l'étranger. Je sais qu'ils ne sont pas fréquents, mais j'aimerais bien ne pas être dans le cas. Il y a aussi le coût écologique et financier. Il faut voir notamment le rapport de la Cour des comptes en France qui pointe qu'il n'y a aucun intérêt à cette opération Linky. Je vous propose de regarder – je crois que vous l’avez reçu – le document du GRAPPE à propos des compteurs Linky et des différents risques associés. Nous vous avons envoyé un document également et il y a le fameux film Take Back Your Power de Josh del Sol qui explique tous les problèmes que l'on a avec les compteurs intelligents outre-Atlantique. Je sais bien que ce n'est pas la même technologie, mais il y a quand même quelque chose à regarder là-bas.

Quelle est notre demande ? Nous souhaitons un moratoire sur le déploiement des compteurs communicants, dits intelligents. Évidemment, je dois choquer beaucoup de monde ici en disant cela. Si vous voulez installer des compteurs intelligents, il faut faire le choix pour des compteurs qui communiquent par la fibre optique ou le câble télévision ou téléphone. Il faut développer des filtres, il faut communiquer à partir des concentrateurs via des câbles et pas via le GPRS. Aux Pays-Bas, ils ont permis de respecter la vie privée en désactivant à tout moment la fonction de communication.

Cette demande s'inscrit dans des demandes plus générales de l'AREHS. Nous souhaitons que soient reconnus enfin les risques pour la santé de tous les objets communicants. Pour respecter le droit à un environnement sain, à la protection de la santé, à l'égalité des chances, on aimerait bien que soit appliqué le principe de précaution en diminuant les ondes, nous demandons la sensibilisation et l'information des citoyens, la protection des enfants. À ce sujet, en France, la loi Abeille interdit le wifi dans les crèches et dans les petites classes. À partir de septembre prochain, à la prochaine rentrée scolaire, les téléphones portables seront interdits à l'école jusqu'aux collèges, c'est-à-dire jusque 14 ans. Je ne dis pas que c'est nécessairement pour des problèmes de santé. Il y a aussi les problèmes de harcèlement et des problèmes de capacité de concentration de la part des élèves, mais c'est une bonne mesure que nous encourageons.

Nous encourageons donc le recours systématique à une infrastructure câblée ainsi que la disponibilité d'objets non connectés de qualité sur le marché. Pour l'instant, si vous voulez acheter une télévision qui ne soit pas smart, c'est impossible. Il n'y en a plus. Si vous voulez acheter un téléphone qui soit filaire, c'est encore possible, mais vous ne pouvez plus acheter de téléphone filaire qui ait un répondeur et qui ne soit pas smart. Cela n'existe plus non plus. Il faut acheter un fax et à ce moment-là vous en avez la possibilité.

Nous recommandons la disponibilité d'objets non connectés et une signalétique claire pour la vente d'objets connectés, rendre obligatoire la possibilité de désactiver les options du sans fil. Les smart TV, vous mettez la prise et elles rayonnent non stop. Si vous ne retirez pas la prise le soir avant d'aller dormir, cela rayonne dans votre habitation toute la journée. C'est particulièrement important dans les maisons qui sont passives parce que l'emballage que l'on fait des maisons passives contient un film aluminium. Ce film aluminium fait un peu comme une cage de Faraday : on introduit la smart TV dedans, les GSM de tout le monde, et cetera, et ces ondes n'arrivent plus à sortir des maisons. On a remarqué, d'ailleurs, que beaucoup de personnes qui vivaient dans des maisons passives avaient des problèmes de santé.

Il y a la question des téléphones DECT, qui sont ces téléphones de maison sans fil entre le cornet et la base. Ces téléphones DECT sont très polluants, ils rayonnent non-stop dans un rayon de 200 à 300 mètres tout autour de vous, c'est-à-dire que vous en faites profiter tous vos voisins, mais vos voisins vous font profiter aussi du rayonnement de leur téléphone DECT. Chez vous, vous avez au moins sur la tête 15, 20 rayonnements de téléphones DECT. Pourtant, l'industrie a fabriqué un mode éco qu'il faut programmer. Si tous les téléphones DECT pouvaient être mis en mode éco obligatoire, ils ne rayonneraient que lorsqu'on les utilise et pas nonstop.

Nous demandons un moratoire sur le déploiement des compteurs intelligents, sur le déploiement de la 5G, et un moratoire sur le déploiement des voitures autonomes. Je sais bien que je ne vais pas dans le sens actuel, mais je crois que c'est indispensable pour la santé de bon nombre de personnes actuellement. Nous aimerions bien stimuler le développement des technologies qui soient compatibles avec la santé. Nous ne sommes pas contre la recherche, bien au contraire, mais il faut réévaluer les normes d'exposition parce que de plus en plus de personnes doivent même quitter le pays. J'en connais personnellement quelques-unes.

Il faut prévoir des infrastructures accessibles aux personnes électrohypersensibles, notamment des hôpitaux. Une personne qui ne supporte pas le wifi, comment voulez-vous qu'elle aille se faire soigner ? Le wifi se trouve dans tous les hôpitaux. On met le wifi dans tous les transports en commun ; comment ces personnes peuvent-elles encore circuler ?

Nous prônons également la sensibilisation des employeurs, pour qu’ils puissent prévoir des mesures spécifiques d'aménagement raisonnable pour les personnes électrohypersensibles, une aile du bâtiment où il n'y aurait pas le wifi. Je ne sais pas ce qu'il faut faire, mais il faut réfléchir à cela. Il faut aussi maintenir et créer des zones blanches parce qu'il y a des personnes électrohypersensibles qui sont plus atteintes que d'autres et celles qui sont fort atteintes doivent s'enfuir. Je crois que la création de zones blanches ou le maintien de ces zones blanches est absolument primordial. Or, le ministre Alexander De Croo veut juste l'inverse et supprimer toutes les zones blanches. Je vois que certaines personnes sont dans l'angoisse et ne savent pas quoi faire.

Il faut former le personnel de santé pour diagnostiquer l’électro-hypersensibilité et prendre en charge les personnes qui sont les plus atteintes. À ce sujet, j'aimerais vous dire que dans des hôpitaux français il y a des espèces de formations, de brochures, qui montrent au personnel ce qu'il faut faire pour protéger les personnes électrohypersensibles.

Il faut également organiser un recensement des personnes électrohypersensibles. Un des reproches qui nous est souvent fait, c'est que nous ne serions que deux ou trois dans cette situation, de sorte que ce ne serait pas si important. D'après toutes les estimations, il y a entre 3 % et 10 % de la population qui est électrohypersensible. Nous demandons un recensement des personnes électrohypersensibles par un bureau indépendant et nous demandons aussi que soit créé un numéro INAMI pour l’électro-hypersensibilité.

En conclusion, en Belgique, il y a entre 300 000 et 1 000 000 personnes électrohypersensibles qui sont en grande souffrance. Plus de 3 000 médecins et scientifiques tirent la sonnette d'alarme et demandent une diminution drastique des ondes du mobile. Les compteurs intelligents vont dans la direction opposée. Donc, en conséquence, nous ne pouvons que demander un arrêt du déploiement des compteurs intelligents. Je vous remercie. Nous restons bien sûr à votre disposition.

 

QUESTIONS-REPONSES

 

Mme Kapompole (PS). - Monsieur le Président, j’ai été interpellée par la présentation de la représentante des personnes électrosensibles, parce que l’on avait eu comme communication de la part du GRD une étude relevant de l’ISSeP qui se voulait rassurante. Ici, sur le graphique, j’ai vu la différence entre ce qui est fourni comme élément à partir du moment où cela vient de l’industrie ou à partir du moment où cela vient d’études indépendantes par rapport à l’impact.

On parle d’une association qui regroupe 180 personnes, mais on sait que beaucoup plus de personnes sont potentiellement concernées. Dès lors, je me dis qu’il faudrait au moins offrir une alternative aux personnes concernées, parce que l’on est trop dans une logique – et moi-même, je le suis, je l’avoue – très orientée nouvelles technologies avec tous nos outils que l’on manipule et que l’on gère de façon très naturelle. Je pense encore plus aux digital natives que sont nos enfants. Du coup, comment faire entendre encore plus cette parole dans le cadre des auditions que nous avons ? Je ne voudrais pas que l’on balaye du revers de la main une audition de cette importance. Pour moi, elle est au même titre que les autres auditions que l’on a pu avoir cet après-midi et qui sont très intéressantes, et même tout au long de la journée.

On reviendra avec les éléments qui ont été présentés et qui ont été très bien étayés, notamment avec toutes les études scientifiques qui, à un moment donné, ne sont pas nécessairement écoutées, lues, analysées avec tout le sérieux qu’il faudrait. Je voulais vraiment insister là-dessus.

 

Mme Baltus-Möres (MR). - Je comprends très bien le questionnement de Mme Kapompole. Ce que l’on a entendu est contradictoire avec ce qui a été dit cet aprèsmidi, mais aussi ce matin. J’ai déjà posé plusieurs questions sur la situation en ce qui concerne l’électrohypersensibilité. Je voudrais vous communiquer que l’on va transmettre ces informations à M. le Ministre, qui restera attentif à cette matière. Il est important de bien analyser ce que l’on pourrait faire si cela posait problème à quelques personnes.

 

Mme Devillers, AREHS - J’aimerais remercier Mmes Kapompole et Baltus-Möres de s’être laissées interpeller et de penser au bien-être des personnes électrohypersensibles. Je vous remercie vraiment. J’attire quand même votre attention sur le fait que les personnes électrosensibles sont relativement nombreuses. Déjà en 2004, l’OMS avait estimé qu’il y avait entre 1 % et 3 % de la population électrohypersensible ; en 2004, c’est à dire il y a 14 ans. Pendant ces 14 années, il y a eu un accroissement exponentiel des objets connectés. Actuellement, on peut penser qu’il y a entre 3 % et 10 % de la population qui est électrosensible. Cela veut quand même dire 300 000 personnes à 1 million de personnes ici en Belgique. C’est quelque chose qui est important.

On n’est pas électro-hypersensible comme on a la rougeole. Nous sommes tous électrosensibles dans le sens que nous sommes fabriqués avec des cellules qui résonnent avec ces ondes. Comme le docteur Feynman l’a dit, ces fréquences qui sont utilisées ne sont pas biocompatibles, ne sont pas compatibles avec la santé humaine. Évidemment, certaines personnes résistent mieux que d’autres. À un moment donné, quand on va dans l’accroissement des ondes, on devient électrohypersensible. Personnellement, je le suis devenue lorsque l’on a mis en service les antennes de la 4G, en février 2014. Nous avons des membres qui disent que tel événement ou tel événement...

On nous critique souvent en disant que nous sommes des technophobes. Didier Bellens, qui était le patron de Belgacom, est devenu aussi électro-hypersensible. Il est mort d’un cancer au cerveau (1). Je crois que l’on est en train de jouer avec la vie de toute la population, et pas seulement avec la vie de quelques personnes qui sont électrohypersensibles.

J’aimerais répondre aussi à M. Henry concernant la fibre optique. Je sais qu’Infrax en Flandre a fait des essais de communication par câble. Je ne sais pas si c’est le câble télé ou la fibre optique, mais cela a très bien fonctionné. La communication par câble est tout à fait possible. Évidemment, il y a les problèmes de coûts d’installation. En général, on utilise les méthodes communicantes par ondes pour diminuer les coûts d’installation des infrastructures.

J’aimerais réagir par rapport à ce que j’ai entendu tout à l’heure quand on disait que ce n’est quand même que deux ou trois secondes par jour qu’il y a communication. J’aimerais dire que ces communications se comptent en millisecondes. Une communication se fait en milliseconde. Deux ou trois secondes par jour, cela veut dire 2 000 ou 3 000 communications par jour. Ce n’est pas deux, trois secondes où je pourrais aller faire un tour dans le parc, revenir et puis je serais tranquille. Non, ce n’est pas cela. C’est vraiment fréquent, plusieurs milliers de fois par jour. J’ai même vu dans un document entre 4 000 et 10 000 fois par jour des pulses pour transmettre les informations par ces compteurs intelligents.

On peut faire une comparaison. Si vous prenez votre douche et que de temps en temps à fréquence régulière vous avez un petit peu d’eau bouillante et puis de nouveau de l’eau normale, votre corps ne va pas bien réagir non plus. J’espère que cela suffit comme réponse.

 

Le Président de la Commission - Y a-t-il encore des interventions ? Non, plus personne. Je voulais vous remercier toutes et tous, au nom de la commission, d'avoir répondu à l'appel à auditions et pour votre disponibilité. Je retiens malgré tout de l'une ou l'autre expression que les questions liées à la santé mériteraient peut-être – il appartiendra à la commission d'en décider – une exploration complémentaire. Je reviendrai lors de notre prochaine séance avec cette question en introduction des travaux de la commission. La commission aura peut-être à se prononcer à ce moment-là, si elle le souhaite, pour que l'on explore davantage cette question.

 

PDF AUDITIONS ET PRESENTATION AREHS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mise à jour le Vendredi, 22 Juin 2018 17:18