Mais pourtant, on vit de plus en plus vieux, non ? Imprimer
Écrit par JLG   
Mardi, 21 Février 2012 09:54

(20/02/12) - LA FERTILITE FRANCAISE EN BERNE. Après l’augmentation des allergies, du diabète et des cancers au cours des 25 dernières années, une nouvelle inquiétude émerge. Et si les activités industrielles compromettaient les capacités des êtres humains à se reproduire? Une méta-analyse dirigée par l’Institut de veille sanitaire (InVS) fait le bilan des études existantes et l’état des lieux en France sur les agents environnementaux qui influent sur notre fertilité - par Geneviève De Lacour - Journal de l'Environnement.

 

Le bulletin épidémiologique (BEH) de l’Institut de veille sanitaire qui sera publié le 21 février passe en revue les études existantes sur la fertilité du couple; sur l’évolution des caractéristiques et de la concentration du sperme; l’évolution des malformations de l’appareil génital, ainsi que celle de la fertilité en fonction des expositions professionnelles; et enfin sur le cancer des testicules. Les plus grands noms de la toxicologie française signent cette méta-analyse détaillée qui fournit quelques pistes pour orienter les futures recherches.

Premier constat. Le pourcentage de couples sans grossesse après un an sans contraception est actuellement de l’ordre de 15 à 25%. «Ce qui constitue un problème de santé non négligeable», précise le rapport. «Le niveau élevé de la fécondité en France (2 enfants par femme) par rapport à nos voisins européens ne doit pas donner l’illusion d’une absence de troubles de la fertilité dans la population.» Le rapport de l’InVS préconise d’ailleurs un suivi, non planifié actuellement, mais qui serait pertinent.

Depuis les années 1950, les scientifiques constatent une diminution de la qualité du sperme en Europe du Nord. L’hypothèse d’un lien existant entre l’altération de la qualité du sperme, les cryptorchidies[1], les hypospadias[2] et le cancer du testicule a été proposé par certains sous le nom de «syndrome de dysgénésie testiculaire». Un syndrome qui serait en lien avec l’exposition des femmes pendant leur grossesse à des perturbateurs endocriniens.

En ce qui concerne la qualité du sperme des Français, l’analyse de 33 études, réalisées au sein des Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos), montre une différence en fonction des régions. Au fil des ans, la qualité du sperme a chuté chez les candidats au don du sperme à Paris, mais pas à Toulouse. La dernière étude du Cecos de Tours montre, par exemple, que le pourcentage de spermatozoïdes mobiles est passé de 64 à 44% entre 1976 et 2009 et celui des spermatozoïdes vivants de 88% à 80% sur la même période. Les auteurs de l’étude préconisent ainsi une surveillance de la production et de la qualité spermatique parallèlement aux recherches fondamentales sur le sujet, car ces variations géographiques seraient directement liées à l’exposition environnementale.

Autre étude française, celle-ci basée sur l’examen de plus de 440.000 fiches remplies par des hommes partenaires de couples faisant appel à la fécondation in vitro (FIV). Elle montre une baisse de la concentration spermatique sur la période 1989-1994 particulièrement marquée chez les hommes nés après 1950. La même baisse a été observée pour la période 2001-2005. Entre les deux périodes, cette concentration a augmenté. Les scientifiques mettent en cause l’alimentation, les emballages alimentaires, la qualité de l’eau de consommation ou celle de l’air ambiant. Au travail, les expositions au plomb, à la chaleur ou aux produits phytosanitaires seraient impliquées, et en tant que facteur individuel le tabagisme ou le stress chronique.

Pourtant ces tendances à la baisse spermatique ne sont pas encore totalement expliquées.

En ce qui concerne les cryptorchidies et les hypospadias, leur nombre a augmenté. Alors que le taux d’interventions chirurgicales pour la cryptorchidie chez les garçons de moins de 7 ans est de 2,51 en métropole et 1,42 à la Réunion, Guadeloupe, Martinique, ce nombre a augmenté de 1,8% en métropole et 4% dans les DOM entre 1998 et 2008. L’augmentation est moins marquée pour l’hypospadias. Les scientifiques rapprochent cette augmentation récente à l’exposition des femmes pendant leur grossesse à des perturbateurs endocriniens.

Quant au cancer du testicule, un cancer rare puisqu’il ne représente que 1% de l’ensemble des cancers, le taux moyen de patients opérés en France est de 6,7 pour 100.000 sur la période 1998-2008. Mais le nombre de cas augmente depuis 20 ans dans la plupart des pays industrialisés. L’examen des données françaises montre une augmentation moyenne annuelle de 2,5% de patients opérés. Un nombre plus élevé en Alsace-Lorraine, en Bretagne et en Pays de Loire a été relevé. Les taux les plus faibles sont enregistrés en Languedoc-Roussillon et en Ile-de-France. Alors que ce cancer se guérit très bien, même métastasé, plus de 1.500 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France avec des conséquences non négligeable sur la fertilité des patients.

Enfin une dernière étude a été menée par Ronan Garlantézec de l’EHESP de Rennes dirigé par Luc Multigner de l’Inserm, celui-là même qui a réussi à établir un lien entre cancer de la prostate et exposition au chlordécone, un insecticide utilisé dans les bananeraies aux Antilles. L’étude présentée ici se penche sur les relations entre expositions professionnelles et anomalies de la fertilité, ainsi que les troubles de l’appareil reproducteur. Ils passent en revue les différents types de polluants et les expositions éventuelles.

Il s’agit une nouvelle fois d’une méta-analyse de 91 études, toutes publiées depuis 2000. Ainsi, les expositions à de faibles doses de plomb (considérées jusqu’à présent comme inoffensives) et à certains pesticides de type pyréthrénoïdes, carbamates et organophosphorés, montrent une association avec l’allongement du délai nécessaire pour concevoir (DNC). Les femmes exposées aux solvants et celles qui travaillent en tant que coiffeuses montrent les mêmes difficultés, les mêmes retards pour être enceintes. L’étude rapporte aussi un excès de risque d’infertilité pour les femmes travaillant en milieu hospitalier. Et un allongement du DNC pour les infirmières exposées en chimiothérapie.

10 études sur 12 examinant l’exposition aux pesticides font un lien direct avec une anomalie du sperme. Même chose avec les solvants: 9 études sur 10 rapportent une altération de la qualité spermatique. Mais les scientifiques estiment que de nouvelles recherches plus précises et définissant les familles chimiques sont nécessaires.

Pour les malformations génitales, une étude associe le travail des parents comme agriculteur, et le risque d’hypospadias.

«Il est primordial d’améliorer les connaissance sur l’impact des expositions professionnelles sur la fertilité», conclut le document. Les co-expositions professionnelles ne sont pas prises en compte, par exemple. Et le nombre d’études sur l’exposition des femmes dans leur milieu professionnel reste très restreint. Certaines pathologies comme les anomalies des cycles menstruels, les modifications de l’âge de la puberté ou de la ménopause ont été très peu étudiées. Enfin la relation entre exposition in utero et apparition d’anomalies de la fertilité est un champ de recherche à développer.

 



[1] cryptorchidies: absence d’un ou deux testicules

[2] hypospadias: localisation anormale de l’urètre

 

Source : http://www.journaldelenvironnement.net/article/la-fertilite-francaise-en-berne,27628

 

Note de Teslabel

Il est symptomatique de constater que l'exposition aux micro-ondes, en augmentation fulgurante au cours des 20 dernières années, reste le sujet TABOU par excellence et n'est que très rarement prise en compte par les éminences grises des instituts de santé publique dans l'équation complexe des causes de la baisse de la fertilité.

 

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Mise à jour le Mercredi, 22 Février 2012 10:30