Namur : un couple d'électrosensibles forcé de déménager, témoigne |
![]() |
(14/7/19) Nous avons assisté le 16 juin à l'assemblée générale de l'AREHS, une association transformée en ASBL depuis mars 2019. Le but de cette association est la reconnaissance de l'électrohypersensibilité (EHS) comme maladie. Mon épouse et moi-même avons rejoint cette association fin 2018 suite à notre prise de conscience de notre EHS. Nous avons dû vendre en catastrophe une maison que nous venions d'acquérir et transformer à Namur, suite à l'impossibilité de continuer à y vivre (antenne GSM à proximité et plus de 30 signaux WIFI pénétrant la maison). Nous avons alors trouvé une solution transitoire dans la même région, nécessitant toutefois des aménagements techniques, dont une cage de faraday, pour pouvoir dormir. Ces aménagements souvent onéreux permettent de réduire l'exposition mais pas de résoudre tous les problèmes (1). Nous avons dès lors recherché un lieu de vie supportable durant 6 mois, en parcourant la Wallonie sur +/- 10000 km. Nous en avons finalement trouvé un, et y sommes installés depuis début mai 2019. La différence de qualité de vie est notable et nous pouvons aujourd'hui affirmer que la fuite était malgré les coûts et les tracas notre seul moyen de survie.
Pour fuir efficacement, il faut savoir ce que l'on fuit, c'est à dire identifier le danger. Nous n'avons jamais imaginé être un jour EHS. Je n'utilisais pas de GSM, j'éteignais le WIFI avant d'aller dormir, ne voyais pas d'antenne GSM dans mon environnement direct, et n'avais ni téléphone sans fil (DECT) ni four à micro-onde. J'avais suivi une formation longue et coûteuse en 2013 et j'étais un peu au fait des dangers potentiels de ces technologies. Je me rappelle même m'être un peu moqué d'une dame qui suivait cette formation avec de l'aluminium sous son bonnet, je la prenais pour une folle. Je n'avais pas fait le lien entre certains inconforts de vie et l'usage temporaire de certaines de ces technologies (bluetooth et WIFI), je mettais cela sur le compte de l'âge et d'un état général en dégradation. Je ne savais pas que des antennes étaient placées dans des clochers d'église, que le WIFI ou le DECT des voisins traversaient les murs et impactaient notre quotidien. J'ai mis les palpitations de plus en plus fréquentes sur un problème cardiovasculaire confirmé par le cardiologue, les impossibilités de dormir sur le matelas trop dur, les douleurs musculaires sur le manque d'exercice et les troubles de concentration sur les conséquences d'un AVC. Puis un jour, je me suis rendu compte que mon épouse, plus jeune et en très bonne condition physique se plaignait de plus en plus souvent de palpitations et de problèmes de sommeil. Il nous devenait de plus en plus difficile de nous promener en ville, d'aller au resto, de faire des courses. Les vacances et les nuits à l'hôtel étaient devenus impossibles. L'ennemi était partout. Les individus semblaient avoir tous un smartphone greffé au poignet. Je relevais une centaine de connexions WIFI possibles au centre-ville. La vie urbaine n'était plus possible et nous nous sommes enfuis. Longtemps, j'ai cru la chose impossible, un Etat ne va pas mettre en place ou permettre une technologie qui impacte physiologiquement ses citoyens, les médecins sont informés de la nocivité potentielle de ces technologies. Hélas non, il fallait bien se rendre à l'évidence, nous serions sacrifiés sur l'autel de la technologie sans fil, nouvelle révolution industrielle pour le bien économique de tous.
Fuir, mais qui et où ? C'est là que nous avons commencé à identifier l'ennemi et à le connaître, ma formation en géobiologie m'a heureusement bien aidé. Nous avons d'abord vérifié que nous avions bien éliminé toutes les sources proches de rayonnement et nous allions de surprises en surprises. C'est le portable qui bien que connecté par câble active automatiquement le WIFI et le bluetooth à chaque démarrage, c'est le bluetooth dans la voiture, etc... Tout cela une fois corrigé on s'attaque aux sources extérieures et on apprend que certains WIFI portent jusqu'à plus de 100 mètres suivant les générations, on découvre que la Belgique est un véritable sapin de Noël d'antennes GSM et que les zones blanches sont quasi inexistantes. On s'informe, on affine les outils de prospection et on se met en chasse d'un paradis potentiel (après avoir changé de voiture car pas moyen de couper le bluetooth). Le site immoweb fait partie de notre quotidien pour scruter les nouveaux biens en Wallonie, car nous voulons rester en Belgique et ne maîtrisons pas la langue de Vondel. Nous découvrons également des logiciels qui nous permettent de situer les antennes et de les identifier, je m'équipe également de différents outils de mesure pour évaluer la pollution électromagnétique sur place. Après 6 mois de recherche, nous identifions 4 biens qui pourraient convenir, 3 dans la région de Chimay, Couvin et 1 dans la région de Lierneux. Nous visitons, mesurons et faisons des offres quand les critères de conformité électrique, de salubrité et d'état général sont également rencontrés. Parfois les proprios sont trop gourmands ou nous arrivons trop tard. Il faut également que la région choisie offre des opportunités d'emploi pour mon épouse infirmière. Trouver un endroit qui convienne aujourd'hui n'est donc déjà pas chose facile, mais en plus il faut évaluer les chances que l'évolution urbanistique et le déploiement constant de nouvelles antennes ne viennent pas ruiner à terme notre choix.
Voilà, c'est fait, nous avons trouvé et emménagé. Fini les palpitations, les douleurs musculaires et les insomnies ! Nous sommes isolés au bout d'un chemin sans issue, à 4 km de l'antenne la plus proche et à 130 mètres du premier voisin, la zone est considérée comme naturelle, non batissable et entourée de zones natura 2000. J'aurais aimé y placer un logement temporaire pour accueillir d'autres EHS, mais cela n'est malheureusement pas possible d'un point de vue urbanistique. J'espère de tout coeur que les progrès technologiques (5G par satellites...) ne vont pas venir perturber dans un proche avenir notre choix de vie.
Le fait de vivre maintenant dans un environnement plus sain a des effets positifs sur mon état de santé global. On dirait que la coupe trop pleine commence tout doucement à se vider et que mon corps a maintenant la possibilité de se regénérer sans devoir se préoccuper de devoir encore lutter en permanence pour maintenir une certaine homéostasie. Certes les premières semaines ont été difficiles, les stimuli artificiels extérieurs n’étaient plus là, mais maintenant, je recommence à pouvoir me concentrer, à écrire, les nuits sont complètes et calmes, le sommeil est enfin réparateur. Par contre, les expositions doivent être écourtées. Le retour à des lieux dits civilisés devient de plus en plus pénible pour les courses, c'est un peu comme si les symptômes étaient décuplés. Notre lieu de vie est devenu le centre de notre vie dont on ne peut plus s'éloigner trop longtemps.
Nous voulons aider les EHS
Nos pensées vont vers tous les EHS existants ou en devenir en espérant qu'ils trouvent également des solutions qui leur permettent de vivre dans des conditions décentes. L’EHS conduit à de nombreuses exclusionsen plus de l’incompréhension et nous ne sommes pas tous sur un plan d’égalité du point de vue des ressources pour se mettre plus ou moins à l’abri. Nous allons essayer de mettre en commun avec l'AREHS (information et sensibilisation politique) et un groupe d'autres personnes EHS un maximum de ressources (démarches juridiques, outils) pour les aider à trouver des solutions pratiques afin de soulager leur quotidien. Nous avons décidé de concentrer notre action sur l’aide immédiate aux EHS, en leur proposant des solutions d’accueil temporaire pour leur permettre de se décharger un peu, prendre du recul par rapport à cet ennemi invisible, et retrouver de l'énergie pour mieux le combattre. Mon EHS, je la vis comme une chance... ... car elle me permet de savoir où l'environnement est vraiment nocif pour moi. Mes cellules réagissent et j'écoute mon corps qui me dit attention ça brûle. OK, il y a beaucoup d'inconvénients, mais cela m'a permis de me reconnecter avec mon environnement, de réapprendre à écouter mon corps et à m'astreindre à une hygiène de vie plus en harmonie avec le vivant. Hélas, cela n'est pas donné à tout le monde et je suis un privilégié. Nombre d'EHS perdent leur travail, les familles éclatent par incompréhension et comme les rats de laboratoire ils n'ont aucun échappatoire possible. Ce sont les réfugiés modernes de la technologie.
On entend souvent, que tout cela se passe dans notre tête et que nos symptômes évoquent une pathologie d'origine psychologique. Ce raisonnement a tendance à isoler encore plus les EHS, considérés comme des contestataires voulant empêcher le monde de tourner. A mes demandes de couper le GSM ou d'éteindre la WIFI pour la nuit, j'ai eu peu de réponses favorables. Les gens qui ne sentent pas le danger se croient à l'abri. Cela ne les concerne pas. Par contre, j'ai eu de nombreuses questions quand cela touche directement l'individu ou ses proches.
Puissance des lobbies, bénéfice des Etats et hypnotisation des foules
|