Un débat très animé, organisé par notre regretté Pierre Debeffe à Aubange en 1993, est à l’origine de notre association. Jean-Marie Danze et Daniel Comblin, experts scientifiques en ligne haute tension faisaient face à ceux d'Electrabel. Concernés par des lignes à haute tension, Pierre Debeffe à Aubange et Jean Delcoigne à Frasnes-lez-Anvaing restèrent ensuite en contact. Ils créèrent deux ans plus tard l’association Teslabel, dont le nom rappelle l’unité de champ magnétique et la Belgique, mais diront certains, est aussi une allusion au distributeur historique d’électricité… et du champ magnétique associé. Visitez aussi notre page facebook facebook.com/TeslaBEL


“J’ai d’abord cru que c’était dans ma tête” Imprimer Envoyer
Écrit par JLG   
Mardi, 15 Novembre 2011 12:10

(15/11/11 - DH) Xavier, électrosensible, a fait la chasse aux ondes.

Coût de l’opération : près de 20.000 €

(Photo ci contre : cage de Faraday protégée des ondes)


Xavier Samson a 49 ans, il habite Moha, à 250 mètres d’une antenne GSM qu’il n’est pas loin de maudire. Électrosensible ? Y a pas à tortiller, “c’est une certitude”, nous dit notre homme. Tuons tous de suite le cliché dans l’œuf : Xavier est tout sauf un farfelu, conservateur de l’extrême anti-progrès : “Je suis informaticien. Donc très conscient que demain, nos machines à laver nous avertiront sur nos smartphones que le programme est fini. J’ai trouvé formidable l’émergence du Wi-Fi et du tout-connecté, à l’époque. Jusqu’à ce que je comprenne que toutes ces ondes, si elles ne sont peut-être pas néfastes à tous, m’étaient néfastes à moi…”

Tout commence en 1996. “À l’époque, je travaillais énormément sur des écrans cathodiques. J’ai alors développé de l’eczéma au visage. En remplaçant les écrans CRT par des dalles LCD, mon mal a petit à petit disparu… pour revenir de plus belle. Au départ, je devais composer avec une insomnie par mois. Puis, une par semaine. En 2004, c’était tous les jours. Dès que j’approchais un ordinateur connecté en Wi-Fi, je stressais, je me sentais énervé. Même les taques à induction me mettaient mal à l’aise. C’est là que j’ai commencé à faire le lien avec les ondes”.

Il sonde alors son domicile, et y décèle de fameuses sources potentielles de discorde : “Primo, le Wi-Fi, qui est activé par défaut sur tous les modems. Le tir est simple à corriger : câbler toutes ses connexions, en Ethernet. Deuzio, le téléphone fixe sans-fil, dit DECT. Il faut savoir que si le téléphone n’est pas certifié ECODECT, il émet non-stop. Aussi, au niveau de l’alarme, mes détecteurs de mouvement utilisaient la radiofréquence, en plus de l’infrarouge. Et enfin, j’ai zappé le GSM, que je n’allume qu’en cas d’urgence, dans la voiture.” Tous ces ajustements, Xavier les applique. Mais ça ne va pas mieux. “Maux de tête, fatigue, insomnies : j’étais lessivé non-stop.”

C’est qu’il y a quelque chose qu’il ne peut pas corriger : en regardant par la fenêtre, à 250 m de chez lui, une antenne GSM le nargue au quotidien. “J’ai été dormir deux semaines chez mes parents pour en avoir le cœur net. Je me suis senti mieux tout de suite.” Il revient donc chez lui et décide de se construire une forteresse : “D’abord, une cage de Faraday assez primaire autour de mon lit. Le principe d’un tel système, vieux de plusieurs centaines d’années, est d’utiliser le métal pour détourner les champs électromagnétiques.” La démarche est contraignante : Xavier doit dormir sans son épouse. Jusqu’à ce qu’il ne fasse de sa… chambre entière une cage de Faraday.

“J’ai peint sols, murs, porte et plafond à la peinture carbone noire. Appliqué des moustiquaires métalliques aux fenêtres. Réhabilité tous les revêtements, puis apposé une couche de finition. Aujourd’hui, ma chambre est d’apparence tout à fait normale. Sauf qu’aucune onde ne s’y invite”. Xavier retrouve le sommeil et madame, “qui n’est pas électrosensible”, dort “beaucoup mieux depuis”. Son bureau y passe aussi, et Xavier devient adepte du télétravail. Un mode de vie “contraignant mais nécessaire” qui a un prix : entre 10 et 20.000 € en travaux et frais médicaux. “Je n’ai pas compté précisément, mais c’est certain, avec tout ça, j’aurais pu payer quelques week-ends à ma femme…”

Bien sérieux ? “Bien sûr que j’ai d’abord pensé que tout ceci était dans ma tête. Mais j’ai vite dû abdiquer devant les faits. Lorsque je m’expose aux ondes, je suis tout simplement mal. Je travaille aujourd’hui presque uniquement à domicile, pour une multinationale pour laquelle je voyageais jadis beaucoup. Ma carrière a été stoppée net par cette invalidité, que je relie à une sorte d’allergie. En Suède, l’électrosensibilité est reconnue et 300.000 personnes en souffrent. Je ne vois pas pourquoi la Belgique serait épargnée…”

Xavier, même s’il sera “évidemment” présent à la manifestation de ce mercredi à Bruxelles, n’incite pas à sortir fourches et slogans trop alarmistes pour autant. “Oui, je suis convaincu que tout le monde est touché par les ondes. Mais à échelles différentes, et pas nocives pour la majorité. Il faudrait simplement qu’on soit reconnu. Que les médecins cessent de prendre le problème par-dessus la jambe. C’est tellement facile… Je ne suis pas pour l’éradication totale du Wi-Fi, mais il devrait y avoir moyen de faire cohabiter ceux qui en veulent et ceux qui n’en veulent pas comme on est parvenus à faire coexister harmonieusement fumeurs et non fumeurs. Ceci dit, 20 % des Belges souffrent d’insomnie. Et parmi eux, bon nombre dorment bien, en vacances, loin des ondes…” À méditer ?

Interview > A.Ca. - La Dernière Heure

 

Mise à jour le Mardi, 15 Novembre 2011 12:24