Loin d'être farfelue, cette enquête montre pour la première fois que le mobile n'est pas neutre.
« On ne peut conclure avec certitude qu'il est nuisible, mais il perturbe l'organisme de la plante en faisant apparaître chez elle des molécules qui n'apparaissent que lorsqu'elle est blessée ou abîmée, ce qui ne peut pas être bon », décrypte le professeur Gérard Ledoigt, responsable de l'Equipe de recherche sur la transduction et l'autosurveillance cellulaire (Ertac), qui utilise le monde végétal pour tester l'action de molécules diverses ou de situations potentiellement dangereuses. Elles souffrent comme lors d'une canicule ou d'une période de gel, c'est-à-dire qu'elles interprètent ces ondes comme un danger. Les fruits fabriquent des marqueurs de stress.
Les mobiles émettent deux types d'ondes : les ondes thermiques et les ondes électromagnétiques. « On sait déjà que les premières, semblables à celles des fours à micro-ondes, sont irritantes. Ce sont elles qui sortent de l'antenne et vous chauffent l'oreille. Il suffit d'éloigner l'antenne des régions sensibles, comme le cerveau, pour se protéger », poursuit Gérard Ledoigt. C'est la raison pour laquelle les fabricants ont déplacé l'antenne des nouveaux mobiles vers le bas de l'appareil. « En revanche, on ne connaissait par l'effet sur des cellules vivantes des ondes électromagnétiques, celles qui portent l'information. Jusqu'à présent, on pensait qu'elles étaient neutres car, contrairement aux premières, elles ne sont pas dotées d'énergie, elles n'émettent pas de rayons ionisants. » Mais les chercheurs voulaient en avoir la certitude. Ils se sont alors débrouillés pour fabriquer un objet n'émettant que des ondes électromagnétiques dont la fréquence était semblable à celles émises par un mobile (900 MHz, 5 V/m). Ils ont ensuite soumis des plants de tomates à ces ondes durant une dizaine de minutes. Et ils ont constaté que les fruits cobayes commençaient à fabriquer des marqueurs de stress. « A présent, nous allons vérifier l'effet du mobile sur des cellules souches humaines de peau », indique Gérard Ledoigt. A condition que le laboratoire du chercheur ne soit pas démantelé, comme on vient de lui annoncer. Drôle de décision, en pleine recherche sur les effets du mobile... |
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Mise à jour le Dimanche, 18 Février 2018 18:36 |